Risques de transmission: de l’Animal à l’Homme
Les animaux de compagnie peuvent être un réservoir de zoonoses et leurs relations privilégiées avec l’homme en font d’excellents vecteurs d’agents pathogènes. C’est le message qu’une équipe de chercheurs britanniques fait passer dans un article analysant les risques zoonotiques liés au transport des animaux de compagnie.
La distribution des zoonoses n’est pas uniforme sur la planète et, par conséquent, déplacer des animaux depuis et vers différentes régions géographiques peut présenter un risque pour l’introduction de nouveaux agents pathogènes dans des zones encore indemnes.
Échinococcose et leishmaniose détectées dans des zones non endémiques ( attention aux Renards)
Alors que l’entrée des animaux de compagnie en Europe est très réglementée, leurs déplacements
au sein de l’Union ne font pas l’objet de contrôles renforcés, soulignent les auteurs2. L’identification de l’animal et une vaccination antirabique à jour suffisent, la plupart du temps, pour se rendre d’un pays à l’autre. Pourtant, au sein même de l’Europe, la répartition de nombreux agents pathogènes n’est pas homogène à travers le paysage. Par exemple, le parasite responsable de l’échinococcose, E. multilocularis, endémique dans plusieurs pays européens comme la France et l’Allemagne, a été signalé dans d’autres pays européens, pourtant indemnes. Les déplacements de chiens et renards sont pointés comme l’un des responsables de cette émergence. La répartition de la leishmaniose est limitée par la présence de ses vecteurs, les phlébotomes ( moustique), principalement présents sur le pourtour méditerranéen. Mais elle est régulièrement détectée chez des chiens vivant dans le nord de l’Europe, qui ont contracté la maladie au cours d’un séjour dans un pays plus méridional. Cette maladie est même considérée comme émergente chez les animaux de compagnie d’Amérique du Nord. La vaccination reste la meilleur protection avec certains antiparasitaires
Des tiques importées
Un autre mécanisme dans lequel les déplacements d’animaux de compagnie peuvent jouer un rôle important est l’introduction d’arthropodes vecteurs et de leur cortège de pathogènes. Cette inquiétude existe en Grande-Bretagne, où des tiques de l’espèce Rhipicephalus sanguineous, normalement absentes de la zone du fait de conditions climatiques peu favorables, ont infesté des habitations.
Un appel à la responsabilisation des propriétaires
Les chercheurs britanniques insistent sur la responsabilité des gouvernements d’énoncer des conseils clairs pour les propriétaires et les vétérinaires quant aux précautions à prendre lors de leurs déplacements. Ils recommandent, pour commencer, une bonne éducation des propriétaires au sujet de la tenue à jour des vaccinations, de la vermifugation régulière et adaptée, de la nécessité d’un traitement contre les parasites externes, ainsi que la reconnaissance précoce des signes de maladies, le tout en collaboration étroite avec les vétérinaires pour permettre une meilleure prévention.
- 1 Fooks A. R., Johnson N. Jet set pets : examining the zoonosis risk in animal import and travel across the European Union. Veterinary Medicine: Research and Reports 2015;6:17-25.
- 2 Chercheurs au Wildlife Zoonoses and Vector-Borne Diseases Research Group à Addlestone, et au Department of Clinical Infection à l’université de Liverpool.